L'urbanisme favorable à la santé : repenser nos territoires pour un bien-être global
L'urbanisme est bien plus qu'une simple organisation de l'espace. C'est un levier puissant pour agir sur les déterminants de santé et améliorer la qualité de vie des populations. 80% de notre état de santé dépend de facteurs socio-économiques et environnementaux, seulement 15% du système de soins et 5% du patrimoine génétique des individus (source : Synthèse des travaux Barton et al. 2015). En intégrant une grille de lecture centrée sur la santé globale, il est possible de transformer nos territoires en espaces plus inclusifs, durables et résilients.
L'urbanisme, un acteur clé de la santé
La santé ne se limite pas à l'absence de maladie ou d’infirmité. Elle englobe des dimensions physiques, mentales, sociales et environnementales. L'urbanisme, en tant que discipline transversale, a ainsi la capacité d'influencer positivement ces aspects en agissant par exemple sur :
La qualité de l'air : réduire les émissions polluantes grâce à des mobilités douces et des espaces verts.
L'accès aux espaces naturels : favoriser le bien-être mental et physique par des parcs et des promenades accessibles.
Les inégalités sociales : concevoir des quartiers inclusifs avec des services de proximité pour tous.
La gestion du bruit : réduire le stress auditif en ville par l’utilisation de matériaux absorbants, de mobilier urbain “acoustique”, la création ou préservation d’îlots de silence.
La pollution lumineuse : intégrer l’impact des éclairages publics sur la santé et le rythme circadien dans les projets d’aménagement
L’alimentation : analyser la trame alimentaire urbaine (AMAP, jardins partagés, maraîchage en toits-terrasses, etc.) et leur impact sur le développement de comportements alimentaires plus sains
Selon le ministère de la Santé, les choix d'aménagement influencent directement des problématiques telles que l'obésité, les troubles de la santé mentale ou encore les maladies respiratoires.
De même pour répondre aux défis du changement climatique, dont les conséquences sur la santé sont nombreuses, l'urbanisme dispose de solutions efficaces et innovantes :
Réduction des îlots de chaleur urbains : Les vagues de chaleur et les canicules, amplifiées par les îlots de chaleur urbains, ont des conséquences graves sur la santé, notamment pour les populations vulnérables (personnes âgées, enfants, individus souffrant de maladies chroniques). L'urbanisme peut atténuer ces effets en intégrant des solutions comme la végétalisation des espaces publics, la création de toitures et façades végétalisées, ou encore l'aménagement de corridors écologiques pour favoriser la circulation de l'air.
Gestion des inondations : L'imperméabilisation des sols, combinée à la fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes, entraîne des risques d'inondations plus importants. Ces phénomènes ont des impacts directs sur la santé, tels que la propagation de maladies liées à l'eau stagnante et les traumatismes physiques. Les stratégies d'urbanisme, comme l'intégration de surfaces perméables, la création de bassins de rétention et la restauration des zones humides, permettent de limiter ces risques.
Amélioration du confort thermique : Les matériaux utilisés dans les constructions urbaines jouent un rôle clé dans la surchauffe des villes. En privilégiant des matériaux réfléchissants ou à faible inertie thermique, et en repensant la typologie des bâtiments pour éviter l'effet canyon, il est possible de réduire les températures en milieu urbain et d'améliorer le confort thermique des habitants.
Ainsi lorsqu'il est pensé sous l'angle de la santé globale, l’urbanisme peut devenir un outil puissant pour répondre aux défis climatiques tout en protégeant la santé des populations.
Une approche intégrée pour des territoires plus sains
Adopter une démarche d'urbanisme favorable à la santé (UFS), c'est intégrer systématiquement les impacts sur la santé dès l’élaboration des outils de planification du territoire et des projets . Cela passe par exemple par :
Des ateliers participatifs pour sensibiliser et impliquer les habitants et les élus dans la co-construction des projets.
Des diagnostics de santé environnementale
Des portraits de santé pour analyser les besoins spécifiques des populations locales.
Une évaluation des impacts des projets ou des outils de planification pour mesurer les bénéfices attendus sur la santé et l'environnement.